Au fil des ans, de nombreux itinéraires ont vu le jour sur les pentes du Kibo, volcan principal, pour réaliser l'ascension du Kilimandjaro. Dans cet article, nous vous proposons de décrire les cinq itinéraires principaux accessibles aux simples trekkers, puis leurs variantes pour alpinistes. Nous consacrons au mythique Kilimandjaro un dossier complet.
Itinéraires de montée
Marangu : la voie historique du versant sud-est, cinq à six jours
La Marangu reprend l’itinéraire des premiers ascensionnistes. Surnommée la voie « Coca-Cola », sa popularité tient à ses lodges confortables répartis sur les trois étapes : Marangu (2720 m), Horombo (3720m) et Kibo (4720 m).
En cinq ou six jours, soit quatre à cinq jours d’ascension et un jour de descente, c’est l’itinéraire le plus court pour rejoindre la caldeira et le Uhuru Peak et la présence de lodges diminue d’autant la logistique nécessaire à l’ascension. La voie à privilégier en individuel.
Son inconvénient majeur réside dans l’important dénivelé quotidien entre chaque camp, ce qui augmente les risques de mal d’altitude. Plus encore, sa fréquentation retire beaucoup à la magie de l’ascension. Pour ceux dont le budget est limité, elle a le mérite d’exister.
Machame : la classique du versant sud en sept jours
Au début des années quatre-vingt-dix, la surfréquentation de la Marangu et la mauvaise acclimatation acquise sur cet itinéraire ont entraîné le développement de cette belle alternative. Cette fois, l’itinéraire est réalisé en sept jours, soit six jours d’ascension et un jour de descente. Il démarre sur le versant sud-ouest pour rejoindre en 2 jours le plateau de Shira, vaste étendue désertique qui sépare l’ancienne bouche volcanique éponyme (dont la caldeira est peu visible aujourd’hui).
Si l’acclimatation est meilleure que sur la Marangu, l’ascension reste très rapide, avec des dénivelés quotidiens importants. La traversée, sous le versant sud, offre quelques belles vues sur les restes des glaciers tabulaires qui, moins de vingt ans en arrière, faisaient la fierté du Kilimandjaro.
La remontée du Barranco Wall, sorte de canyon creusé par le passage des glaciers et une érosion importante engendrée par l’eau lors des pluies abondantes à la saison humide, constitue la difficulté principale de l’itinéraire.
Lemosho : traversée de l’ouest vers l’est dans le versant sud, en huit jours
Itinéraire meilleur en termes d’acclimatation, l’ascension se déroulant en huit jours au total, soit sept jours d’ascension et un jour de descente. Partis du lointain versant ouest, on longe les pentes de la bouche du Shira, le plus petit des trois cônes du Kibo. On passe à proximité de Lava Tower, une tour de rocher caractéristique. Cette fois, point de foule, du moins jusqu’à rejoindre la Machame le troisième jour. La bonne acclimatation a un prix : un jour supplémentaire alourdit la logistique d’autant.
Rongai : le versant nord, sauvage, au pied du Mawenzi, en sept jours
Ignoré longtemps, le versant nord, qui domine la plaine kényane, ne manque pas d’atouts. En raison de l’éloignement de Moshi, camp de base incontournable de toute ascension du Kilimandjaro, rares sont ceux qui s’élancent sur ses pentes. La faible fréquentation et l’approche du troisième cône du Kibo, le farouche Mawenzi, sont deux bonnes raisons de choisir cet itinéraire. Il peut se parcourir en cinq jours, comme la Marangu. Pour compenser la mauvaise acclimatation, nous consacrons une journée au pied du Mawenzi, à Mawenzi Tarn, belvédère somptueux sur les deux volcans. Ce qui nous donne un itinéraire en sept jours au total, six jours pour l’ascension et un pour la descente. Les derniers trois cents mètres d’ascension sont communs à la Marangu et les deux itinéraires aboutissent au Gilman’s Point (5685 m). De ce point il faut encore une bonne heure et demie d’efforts pour rejoindre le Uhuru Peak (5895 m) via Stella Point (5756 m), où l’on retrouve les participants venus par la Machame et la Lemosho.
La Grande Traversée du Kilimandjaro : l’itinéraire de tous les superlatifs en neuf jours
S’il fallait définir la manière la plus esthétique de gravir le Kilimandjaro, ou l’itinéraire accordant les plus grandes chances d’arriver au sommet sans encombre, la Grande Traversée (aussi appelée Northern Route) occupe la première place. Huit jours d’ascension et un jour de descente, soit neuf jours au total. Unique itinéraire à côtoyer les trois volcans : le Shira (3962 m) à l’ouest, le Mawenzi (5149 m) au nord et enfin le Kibo (5895 m). Le départ est commun aux trois premières étapes de la Lemosho, dont il se sépare arrivé au plateau de Shira, versant ouest. On bascule alors sur le sauvage versant nord, ignoré de tous. Une longue traversée à flanc permet une excellente acclimatation avant de remonter en pleine pente du versant nord et rejoindre le Gilman’s Point. Si vos moyens vous le permettent, le meilleur itinéraire pour gravir le Kilimandjaro.
Itinéraires de descente
Tout comme il existe plusieurs itinéraires pour gravir le Kilimandjaro, différentes alternatives se présentent pour redescendre. Toutes possèdent la caractéristique de perdre rapidement de l’altitude (utile pour combattre un début de mal aigu des montagnes), et contraignent à de longs parcours pour rejoindre le pied de la montagne.
Marangu
Le plus direct, mais très fréquenté. Nous préférons l’éviter, bien que le sentier soit sans doute le plus confortable.
Umbwe
Descendre par la Umbwe, après avoir gravi le Kilimandjaro par la Grande Traversée (Northern route), permettrait de compléter un tour intégral du Kilimandjaro. De Stella Point, sur le rebord du cratère, l’itinéraire suit la Machame jusqu’à redescendre le Barranco Wall, avant de plonger dans la forêt du versant sud. Itinéraire peu utilisé en raison de sa longueur, son intérêt principal réside dans le fait de pouvoir redescendre rapidement un participant malade à la montée de la Machame.
Mweka
L’itinéraire que nous privilégions. Du sommet (Uhuru Peak) on revient jusqu’à Stella Point et l’on s’engage dans le chemin de montée de la Marangu que l’on suit jusqu’au dernier camp (Barrafu). Le sentier plonge alors en direct vers le sud à travers la forêt, pour rejoindre le camp de Mweka et, le lendemain, Mweka Gate.
Itinéraires pour alpinistes
Malgré son altitude, le Kilimandjaro présente un intérêt limité en termes d’alpinisme. La qualité médiocre de la roche, d’origine volcanique, n’offre pas de belles parois, mais plutôt une succession de gradins couverts de scories et de blocs instables.
Ascension du Mawenzi
L’itinéraire d’ascension passe par le versant ouest. Depuis Horombo Hut sur la Marangu, ou depuis Mawenzi Tarn sur la Rongai, on monte au camp de Mawenzi Hut (appellation trompeuse, car il n’y a aucune construction). Aux pentes d’éboulis succède une progression sur l’arête sommitale au milieu de blocs en équilibre précaire. La vue du sommet sur le proche Kibo est cependant exceptionnelle.
Western Breach
L’unique itinéraire où s’aventurent encore quelques amateurs de sensations fortes. Parcours commun avec Lemosho ou Machame jusqu’au plateau de Shira. On monte faire un camp au pied de Lava Tower (sorte d’imposante formation rocheuse). De là, une mauvaise sente remonte les raides pentes d’éboulis de la face sud-ouest pour aller buter contre un bastion rocheux présentant les seules longueurs d’escalade proprement dites (passages de III et peut-être de IV).