Vous avez réussi l’ascension du mont Blanc dans de bonnes conditions, vous avez une belle expérience de l’alpinisme dans les Alpes ou êtes un débutant dégrossi, et l’appel de la haute altitude vous gagne. Vous avez réalisé l’ascension du plus haut sommet de l’Europe occidentale à 4809 mètres et vous rêvez désormais du plus haut sommet… de la planète : le mont Everest à 8849 mètres. 4040 mètres séparent ces deux sommets, une aventure hors du commun nécessitant un engagement absolu, en physique, en technique, en temps, en expérience, en budget. L’Everest ne s’achète pas, il se gagne à la passion, au talent et au mental. Une des missions que s’est donnée Expeditions Unlimited est de vous accompagner dans cet extraordinaire défi. Cet article vous décrit comment construire votre préparation à l’ascension de l’Everest pour les mois et années qui viennent.
Everest versant népalais © EU
Bien se préparer pour tenter l'ascension de l'Everest
Ici, nous ne parlerons pas de ceux qui réussissent leur coup de maître sans expérience. « Aux innocents les mains pleines », dit-on. Pour quelques-uns qui auront eu la chance du débutant, de fouler le toit du monde sans expérience, grâce à de l’oxygène à gogo, un sherpa personnel très attentif et une fenêtre météo particulièrement favorable, la plupart courent à l’échec, avec le risque de ne jamais revenir. Et puis, quel plaisir tire-t-on d’une telle aventure ?
Tenter l’Everest dans de bonnes conditions nécessite de développer son expérience montagnarde, d’avoir vécu une, voire plusieurs expéditions, de plusieurs semaines avec des rotations entre camps d’altitude, de connaître son corps, de comprendre comment il s’acclimate à l’hypoxie. L’hypoxie, c’est la diminution de l’oxygène disponible ambiant avec l’altitude, liée à la diminution de la pression atmosphérique et donc l’oxygène captable par l’organisme ; si l’oxygène est donné disponible à 100 % au niveau de la mer, il n’est plus que de 50 % au sommet du mont Blanc et de 30 % à 8849 mètres.
Il s’agit également de développer, malgré l’équipement de la montagne en cordes fixes, sa technique alpine, de connaître son équipement de base et de haute altitude, de gonfler son capital de confiance tout au long de sa progression. Il faut connaître les dangers objectifs de la montagne et de la haute altitude pour comprendre, voire anticiper, les décisions de votre guide ou de votre chef d’expédition : risque de chute de sérac, avalanches, état du glacier, etc. Vous devez pouvoir comprendre et déceler sur vous-même les symptômes de MAM – Mal Aigu des Montagnes – potentiellement mortel, de gérer le froid et ses conséquences de gelures graves pouvant aller jusqu’à l’amputation.
Contrairement à ce que l’on pense, le taux de réussite de l’ascension de l’Everest est bien inférieur à 50 %, en particulier sur le versant népalais.
En partant du mont Blanc, il vous faudra au minimum deux à trois années intenses de préparation pour tenter l’Everest. C’est uniquement à cette condition que vous arriverez plus serein au camp de base de l’Everest, confiant dans votre capacité à saisir les meilleures opportunités qui se présenteront sur la montagne.
Sommet de l'Everest versant tibétain © Jean-Marc Porte
Enjeux essentiels de la préparation à l'Everest
Tout, dans notre approche de préparation à l’Everest, s’acquiert par un choix d’expériences de montagne qui, mises les unes après les autres, permettent d’acquérir les connaissances, les réflexes et les routines nécessaires à ce fabuleux projet.
Seuls deux ou trois éléments d’ordres physiques et psychiques semblent des prérequis pour prétendre à l’Everest. Disons-le autrement, s’ils ne sont pas cochés, ces éléments nécessiteront au mieux beaucoup plus de temps pour tenter l’ascension de votre vie :
- excellente condition sportive : celle-ci dépend d’éléments innés ou acquis, en général jeune, qu’il sera compliqué de faire évoluer de façon radicale, surtout après un certain âge ;
- acclimatation correcte à la haute altitude : ce critère est difficile à évaluer en plaine, et seule l’expérience en altitude de plus en plus haute vous permettra de répondre à cette question essentielle ;
- acceptation d’une grande rusticité et du risque : il s’agit d’accepter une vie extrêmement rustique, de longues semaines durant, et des risques inhérents à une telle entreprise. Là, également, l’expérience sur des expéditions de plus en plus longues vous en diront plus sur votre capacité psychique en la matière.
À noter qu’un test de VO2 max en hypoxie dans un centre spécialisé en France peut représenter un indicateur intéressant d’aptitude à la haute altitude. Pour faire simple, la VO2 max est la quantité d’oxygène que les poumons sont capables d’inspirer, de transmettre dans le sang et que les muscles vont pouvoir capter pour réaliser la performance en question. On comprend bien, qu’en particulier en hypoxie, plus cette capacité est forte et plus les chances de réussir dans des conditions correctes sont élevées. D’expérience, une VO2 max supérieure à 50 ml/min/kg est un bon départ, mais il n’est pas le seul critère.
Tous les autres éléments s’acquièrent avec l’expérience et la montée en puissance des projets d’ascension en haute altitude et notamment :
- développer son expérience de l’alpinisme et sa culture montagnarde partout et dès que les opportunités se présentent, dans les Alpes ou sur des petits sommets plus techniques. Cela semble être une évidence. Être confort plus bas sur des pentes de 40° ou 50° est un minimum. Développer son aisance en escalade et en mixte. Utiliser une poignée jumar dans une attitude d’alpiniste, en sécurité, bien ancré sur ses pointes avant et avec le piolet dans la main, et non pendu comme un pantin remontant à la force des bras. Mieux comprendre les forces en présence, les conséquences météorologiques sur les risques objectifs de la montagne. Bien sûr, vous ne prendrez pas seul vos décisions, mais vous serez acteur de celles-ci ;
- mieux se connaître et développer sa culture des pathologies d’altitude : il s’agit de faire connaissance progressivement avec soi-même face à l’hypoxie et au froid intense. Nos partenaires de l’Ifremmont vous permettent, tout au long de vos expériences et dans le cadre de formations courtes, de mieux comprendre les mécanismes à l’œuvre dans le Mal Aigu des Montagnes et dans la gelure, ainsi que dans bien d’autres domaines. Vous repoussez progressivement vos limites en sécurité et gagnez en connaissance sur ces sujets vitaux. Vous savez réagir en cas de symptômes pour vous préserver et préserver vos chances de sommet ;
- participer à une ou plusieurs ascensions à plus 7000 mètres va vous permettre de vivre vos premières véritables expéditions longues, de 15 jours à 3 semaines camp de base/camp de base, vos premières rotations d’acclimatation, l’attente dans le froid, parfois la tempête, dans la tente à 5000 ou 6000 mètres. Dormir par - 20 °C dans votre frêle abri, prendre des repas à base de plats lyophilisés, de purées et de soupes, connaître les recettes que vous aimez, celles que vous ne supportez pas ! Enfin, il s’agit de gérer votre corps et votre esprit dans le stress et l’engagement, comprendre ce qu’est l’esprit d’équipe de haute altitude, la relation à un chef d’expédition ;
- effectuer une dernière ascension la plus haute possible avant de tenter l’Everest : le Mustagh Ata en Chine, à 7546 mètres sans oxygène reste un bon dernier sommet de préparation. Très peu technique et faisable à ski, il permet de vous tester sur le fait que vous n’avez pas besoin d’oxygène avant le camp 3 de l’Everest versant népalais (7300 m) voir jusqu’au col Sud, soit le camp 4 du versant népalais de l’Everest (7900 m). Prendre de l’oxygène plus bas ne nous apparaît absolument pas raisonnable.
L’idéal, bien sûr, et c’était la progression normale encore dans les années 80 et 90, serait de faire un 8000 accessible un peu moins haut, de type Cho Oyu (8188 m) ou Manaslu (8163 m). Il est d’ailleurs prévu que les autorités chinoises demandent un premier 8000 pour obtenir le permis de l’ascension de l’Everest côté tibétain. Il est vrai que l’ascension d’un autre 8000 nécessite un budget supplémentaire. Mais pourquoi ne pas se laisser plus de temps pour trouver ce budget et réussir sa progression avec d’indicibles satisfactions ?
Yorick au sommet de l'Everest versant népalais © Yorick Vion
Programme de préparation de l'ascension de l'Everest
En termes d’étapes à l’issue de votre ascension du mont Blanc, disons à l’été 2024, dans une logique de progression pertinente et à la fois la plus rapide possible, un 6000 s’impose. Pourquoi pas au Népal l’automne suivant ? Puis, vous enchaînez sur un 7000 à l’été 2025. L’automne 2025 peut être le moment d’un 8000 pour ceux qui en ont le budget, ou bien il faudra attendre l’été ou l’automne 2026 pour un 7000 un peu plus technique que le précédent, voire le Mustagh Ata dont nous avons parlé un peu plus haut. Un 8000 à l’automne 2026 dans le meilleur des cas, et puis l’ascension de l’Everest au printemps 2027. Il va de soi, qu’entre ces principales étapes du projet, toute occasion de sortir en montagne doit être saisie pour renforcer votre technique et votre culture montagnarde.
Et surtout, n’oubliez pas, tout au long de cette belle préparation : prenez du plaisir !
Pour être encore plus pratique, voici ce que nous vous proposons en termes d’ascensions à 6000, 7000 et 8000 mètres. Bien sûr, d’autres choix sont possibles, mais de notre côté ces expéditions sont garanties au moins une fois par an, ce qui enlève un aléa à votre préparation.
Pour ceux qui, de surcroît, souhaitent s’engager dans le challenge des 7 Summits, nous vous conseillons de lire cet article paru il y a peu. Ils pourront adapter leur choix en fonction des sommets présents sur le challenge lui-même. Il reste qu’un vrai 7000 d’alpiniste (comparé à l’Aconcagua), voire un « petit » 8000, demeure un passage obligé pour viser l’Everest.
Sommet de l'Island Peak à 6189 mètres au Népal © Luc Oberli
Ascensions à plus de 6000 mètres
Avant de tenter un plus de 7000 mètres, une ascension à plus de 6000 mètres s’impose. À la limite, l’Elbrouz à 5642 mètres par le versant nord est une belle ascension bien rustique, mais la Russie est actuellement fermée. Le Kilimandjaro, à 5892 mètres, permet de monter de 1000 mètres en altitude par rapport au mont Blanc, mais n’apporte rien en termes d’alpinisme. Il peut s’envisager dans une logique de challenge des 7 Summits.
À plus de 6000 mètres, on choisira au Népal les classiques Mera Peak à 6461 mètres, l’Island Peak, un peu plus technique, à 6189 mètres, voire le Thorong Peak à 6150 mètres. Avec des départs moins réguliers, nous proposons également le Lobuche East à 6119 mètres, ou le Pachermo à 6272 mètres. Certains de ces sommets nécessitent cependant une bonne expérience d’alpiniste et ne sont pas accessibles à des débutants.
Un sommet andin à plus de 6000 mètres est également envisageable, même si nous estimons que s’immerger le plus possible dans la culture sherpa et népalaise fait partie de l’itinéraire de progression : on y retrouvera bien sûr l’Aconcagua en Argentine, à 6962 mètres, plus haut sommet d’Amérique du Sud, trekking peak intéressant, surtout dans le cadre des 7 Summits, les Cotopaxi (5897 m) et Chimborazo (6268 m) en Équateur, si le pays est ouvert…
Pour terminer, le mont Denali à 6190 mètres en Alaska, également un 7 Summits, offre une ascension extraordinaire, mais son engagement ne le prédestine pas à être un sommet juste après le mont Blanc.
Cette partie de la préparation à moins de 6500 mètres permet une plus grande diversité de thématiques dans les voyages puisque les sommets, pour la plupart, se font en quelques jours, quand les altitudes supérieures obligeront de passer plus de temps sur la montagne.
Sommet du pic Lénine à 7134 mètres au Kirghizistan © Serge Bazin
Ascensions à plus de 7000 mètres
Nous proposons une dizaine de sommets à plus de 7000 mètres, qu’il s’agisse de sommets népalais principalement d’automne, comme l’Himlung Himal à 7126 mètres, le seul sommet népalais accessible au plus grand nombre, ou le plus engagé Baruntse à 7129 mètres. De façon générale, dans une logique de progression, les 7000 du Népal ne s’offrent pas à des débutants. Nous proposons également parfois le Kun à 7077 mètres au Ladakh.
Pour trouver des sommets plus accessibles, il faut aller en Asie centrale l’été avec les premiers sommets du challenge du Léopard de Neiges, et notamment le pic Lénine à 7134 mètres. Et puis, il y a le Mustagh Ata à 7546 mètres dont nous parlions plus haut. Ces deux sommets ne posent aucun problème technique et permettent une expédition longue en haute altitude.
Retrouvez ici l’ensemble de nos sommets à plus de 7000 mètres.
Vers le sommet du Manaslu à 8163 mètres au Népal © Eric Bonnem
Ascensions à plus de 8000 mètres
Si vous avez du temps et si votre budget vous le permet, démarrer par un « petit » 8000 nous semble être un must. Comme évoqué plus haut, le Cho Oyu au Tibet et le Manaslu au Népal s’y prêtent bien. Un peu plus engagés, le Broad Peak ou le Gasherbum II au Pakistan, sont des cibles de choix, plus difficiles cependant que les deux premiers.
Retrouvez ici l’ensemble de nos sommets à plus de 8000 mètres.
Ascension de l'Everest versant népalais © EU
Quel budget pour tenter l'ascension de l'Everest ?
Si on compte une à deux ascensions de plus de 6000 mètres, une à deux ascensions de plus de 7000 mètres et, potentiellement, un sommet de 8000 mètres, on tournera entre un minimum de 20 000 € et un potentiel maximum de 70 000 € pour la préparation. À cela s’ajoute quelque 5 000 € d’équipement : chaussures d’alpinisme de haute altitude, combinaison de haute altitude, duvets, etc. Une partie de ce budget peut être économisée en nous louant une partie du matériel.
Enfin, l’ascension de l’Everest par le versant népalais ou tibétain atteint quelque 55 000 € à ce jour.
Au total, en partant du sommet du mont Blanc, il faudra donc compter entre 80 000 € et 150 000 € pour avoir une chance de poser ses crampons sur le toit du monde.
Ce budget important repose également la question du timing. Plutôt que 2 à 3 ans pour réaliser le projet d’une vie, pourquoi ne pas donner un peu plus de temps ? Notre programme de progression se conçoit également parfaitement entre 3 et 10 ans. Et le plaisir en sera décuplé.
Rejoignez l'une de nos expéditions à l'Everest
Et partagez cet article s'il vous a plu. Selon votre engouement, nous vous proposerons alors bientôt les éléments vous permettant de décider quel versant choisir : le népalais des victorieux Edmund Hillary et Tenzing Norgay de 1953 ou bien le tibétain des extraordinaires Andrew Irvine et Georges Mallory de 1924. Parce que chaque versant de l'Everest est mythique !