Tout randonneur ou alpiniste en route pour le camp de base de l’Everest s’est un jour extasié devant l'Ama Dablam, cette pyramide parfaite. Pour les alpinistes et tous les passionnés, nous avons conçu ce dossier sur l’Ama Dablam pour tout connaître de cette montagne reine, de sa première ascension à celle que vous réaliserez. Tout est passé en revue dans ce dossier en six articles, de l’itinéraire détaillé à la préparation idéale, pour préparer votre ascension de l'Ama Dablam à 6812 mètres au Népal.
Une pyramide parfaite à 6 812 mètres d’altitude
L’Ama Dablam se trouve à quelques jours de marche du célèbre camp de base de l’Everest, dans le parc national de Sagarmatha, une région inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Porte du Khumbu, l’Ama Dablam s’élève à 6812 mètres d’altitude. Son nom signifie « collier de la mère », car sa forme évoque les bras protecteurs d’une mère (Ama en népalais), symbolisés par ses longues crêtes, tandis que le glacier suspendu représente le dablam, un pendentif traditionnel sherpa renfermant des images divines. Pour les Sherpas et les habitants du Khumbu, l’Ama Dablam est non seulement une montagne, mais aussi un symbole spirituel. Dans leur croyance, la montagne protège la région et elle occupe une place spéciale dans les récits et les légendes locales. « Cervin de l’Himalaya » pour certains, ce sommet prestigieux est immortalisé sur le billet d’une roupie népalaise, témoignage symbolique de son importance culturelle pour le Népal.
© David Ducoin
Première ascension par l’expédition menée par Sir Edmund Hillary
En 1960-1961, Sir Edmund Hillary mène une expédition dans le haut Khumbu pour étudier l’adaptation humaine à l’altitude et rechercher le légendaire yéti. Si la créature demeure introuvable, l’équipe réalise un exploit inattendu : la première ascension hivernale de l’Ama Dablam.
Après avoir traversé le col de Trashi Lapsha, ils établissent un camp d’observation avant d’attaquer l’ascension en février. Malgré le froid extrême et des passages techniques comme la Tour jaune, ils progressent méthodiquement. Le 13 mars 1961, Barry Bishop, Michael Gill, Wally Romanes et Michael Ward atteignent le sommet par l’arête sud-ouest.
Lors de la descente, ils portent secours au Sherpa Gumi Dorje, blessé par un éboulement. Bien que la chasse au yéti échoue, cette ascension hivernale marque l’histoire de l’alpinisme et renforce la réputation d’Hillary en Himalaya.
Quand gravir l'Ama Dablam
L'Ama Dablam est le troisième sommet le plus recherché dans la région du Khumbu, après l’Island Peak et le Lobuche Peak. La majorité des permis sont délivrés pendant l'automne. Cependant, l'Ama Dablam se prête à l'escalade durant deux saisons principales, le printemps et l’automne, voire l’hiver pour les plus ambitieux.
Les meilleures périodes pour gravir l’Ama Dablam sont l’automne et le printemps. Si l'automne (octobre-novembre) est la saison la plus demandée, au printemps (mi-avril-mai), les matinées sont belles et bien dégagées, les après-midi le temps se couvre avec des chutes de neige en quantité inégale et une forte baisse des températures. Bien que la première ascension de l’Ama Dablam ait été réussie en plein hiver, cette saison s’avère difficile en raison du froid intense et des vents violents.
© Bruno Serraz
Choix d’itinéraires de trek de Lukla au camp de base
Pour atteindre le camp de base de l'Ama Dablam, il existe plusieurs itinéraires de trek. L'itinéraire de trekking principal, qu’empruntent la plupart des alpinistes, part de Lukla et passe par Namche Bazaar et Pangboche avant d'atteindre le camp de base. Mais il existe des itinéraires d’approche alternatifs pour le camp de base.
Ensuite, une fois sur la montagne, la question de passer par deux ou trois camps d’altitude se pose. Le camp 1 et surtout le camp 2, installé sur l’arête sud-ouest, rocheuse, sont bien abrités des risques objectifs et des avalanches. Le camp 3 situé à l’extrémité de l’arête sud-ouest, se trouve au pied de la face enneigée qui mène au sommet.
Surnommée la « montagne des alpinistes », l'Ama Dablam représente un défi technique exigeant. Le premier obstacle majeur est la montée vers le camp 2. La section finale vers le sommet comprend des pentes en neige et glace inclinées de 55 à 65 degrés.
Ascension de l’Ama Dablam dans tous ses détails
La voie classique pour atteindre le sommet de l’Ama Dablam propose trois camps d’altitude :
- Du camp de base au camp 1 (5900 mètres), l’itinéraire en direction du camp 1 traverse une zone de blocs rocheux et une arête exposée, généralement sèche en automne.
- Du camp 1 au camp 2 (6100 mètres), l’itinéraire passe par la fameuse « Tour jaune », une escalade exceptionnelle.
- Pour le camp 3, il s’agit de rejoindre l’arête des champignons, probablement la partie la plus impressionnante de l’itinéraire. Puis c’est la partie de l’ascension sommitale à 6812 mètres, avec une progression sur des pentes inclinées entre 55 et 65 degrés. L’ascension en elle-même ne représente que la moitié du parcours. Il est ensuite essentiel de descendre le plus bas possible pour passer la nuit.
© Bruno Serraz
Compétences d’alpinisme pour l’Ama Dablam et taux de réussite
Des compétences techniques, physiques, mentales et d’hygiène sont essentielles pour gravir l’Ama Dablam, comme pour tout grand sommet.
L’utilisation correcte des cordes fixes et la maîtrise des techniques de descente en rappel en terrain exposé sont cruciales pour minimiser les risques et amoindrir la difficulté. Par ailleurs, une expérience préalable en haute altitude entre 4000 et 6000 mètres est requise.
Une excellente condition physique est essentielle pour affronter les défis de l’ascension. L’entraînement doit se concentrer sur l’endurance, le renforcement du tronc et la musculation afin d’améliorer la résistance et la stabilité.
Isolement social avant le sommet et maintien d’une hygiène rigoureuse sont essentiels pour préserver votre bien-être et celui de vos compagnons.
Le taux de réussite globale des ascensions à l’Ama Dablam est évalué entre 60 et 75 %, selon la saison et les conditions météorologiques.
