02 avril 2024Alpinisme, Seven Summits, Seven Volcanic Summits, Témoignages
Ojos del salado

L'Aconcagua est le sommet le plus haut du continent américain et fait partie du challenge des Seven Summits, l'Ojos del Salado est le plus haut volcan actif du continent américain et fait partie du challenge des Seven Volcanic Summits. Les deux se trouvent dans la cordillère des Andes, le premier en Argentine, le second au Chili. Ils sont accessibles la plupart du temps sans matériel ni connaissance technique, mais représentent tout de même un véritable challenge du fait d'une acclimatation rapide, des vents violents, d'une météo imprévisible et de la sécheresse extrême de l'air. Voici le retour de nos deux expéditions hivernales. Franck nous parle de son expérience sur l'Aconcagua tandis que Laurent revient sur son ascension mouvementée de l'Ojos del Salado.

 

Ascension de l'Ojos del Salado à 6893 mètres


© Laurent Beaujard


Pourquoi l'Ojos del Salado ?

Laurent : Dans un esprit de découverte, je voulais aller dans un endroit pittoresque où je n'étais jamais allé auparavant. Dans la perspective de futurs projets, il s'agissait de retrouver les sensations de la haute altitude afin de voir comment mon corps était capable de réagir. Construire une confiance en mes capacités physiques et mentales.


As-tu entrepris une préparation particulière avant le départ ? Si oui, laquelle ?

Laurent : Je fais du sport toute l'année. Je fais beaucoup de cyclisme sur route et du VTT. Je pratique l'escalade et je fais également des marches intensives de grandes distances. J'ai effectué également un renforcement musculaire des jambes et du dos afin de pouvoir gérer les phases de portage. Je réside en Lorraine à basse altitude, donc pour me pré-acclimater, j'ai effectué pendant 10 semaines avant mon départ des séances de vélo en salle d'hypoxie.
 

Comment s'est passée l’expédition, as-tu rencontré des difficultés particulières ? Et comment l’as-tu vécue ?

Laurent : Je peux dire que cette expédition m'a comblé. L'accompagnement chilien sur place était vraiment efficace. Nous étions dans les meilleures conditions possibles. La restauration au camp de base était remarquable de qualité et de diversité. Le groupe (international) était également facile et agréable à côtoyer au quotidien. La principale difficulté réside dans la phase l'acclimatation rendue difficile par l'amputation de deux journées complètes à cause d'importantes coulées de boue qui nous ont cloué sur place à basse altitude (2500 m). Le planning était déjà à la base bien serré, soit 12 jours pour arriver aux presque 6900 mètres du sommet. C'est passé tout juste, mais cela fut difficile. La météo est également à prendre en compte. Si le temps est le plus souvent ensoleillé, les nuits sont parfois bien froides et pendant le jour les 30 degrés sont presque toujours atteints, le tout dans un air très sec et venteux. L'hydratation permanente doit être une préoccupation. Il y avait peu de neige. Sinon techniquement, le terrain est très facile. Attention cependant aux descentes dans les pierres !


© Laurent Beaujard


Qu’est-ce que cette expédition t’a apporté finalement, apprendre à te gérer, de la confiance en toi ? Des enseignements pour la suite ?

Laurent : En fait, grâce à cette expédition, j'ai répondu aux nombreuses questions et incertitudes que j'avais avant de partir. Je sais que mon corps réagit toujours bien à l'altitude. Ce fut difficile, mais étant à l'écoute de mes sensations, je me suis employé à tout bien faire en me disant que cela allait finir par payer et finalement ce fut le cas. Dans la difficulté, il faut se concentrer sur les solutions. Bien s'hydrater, se détendre, bien manger, bien dormir et partager avec le groupe dans la bonne humeur les moments privilégiés d'une expédition dans un endroit aussi magnifique. En somme, savourer l'instant présent ! J'ai acquis une confiance dans mes capacités physiques et dans les ressources mentales qu'il m'a fallu exprimer dans les moments les plus difficiles. La solidarité présente au sein du groupe et les soutiens reçus par mes proches étaient également une importante source d'énergie et de réconfort.


Quels seraient tes conseils pour celui qui veut entreprendre l’ascension de l'Ojos del Salado ?

Laurent : Ce sommet doit se respecter. Le terrain est facile et il n'y a pas de difficulté technique. Un système de cordes fixes protège le sommet chilien. En revanche, il faut une bonne condition physique et à ce titre une préparation axée sur l'endurance est plus que recommandée. La durée de l'expé est relativement courte, donc si cela est possible, une petite période en altitude (2 nuits à 2500-3200 mètres par exemple) avant de partir constitue un avantage certain. Histoire de se mettre bien en route. Sinon ça passe, mais c'est plus dur. Les nuits sont froides et les journées particulièrement chaudes. Il faut donc se protéger. Le choix de l'équipement est important. Ensuite, pendant l'expédition, il faut calmement prendre soin de soi. Bien dormir, manger et s'hydrater correctement. Le désert d'Atacama étant particulièrement sec.

Quels sont tes projets pour la suite ?

Laurent : Je compte réaliser l'ascension du Baruntse dans l'Himalaya. La réussite sur l'Ojos del Salado était un préalable à ce projet. M'appuyant sur les récents enseignements de cette belle expédition, je peux m'engager vers ce projet avec confiance et détermination. Encore merci pour votre soutien pendant ce voyage qui restera gravé dans ma mémoire.
 

Ascension de l'Ojos del Salado à 6893 mètres.
16 jours | Nombreux départs possibles de novembre à avril | Niveau difficile.

 

Ascension de l'Aconcagua à 6962 mètres


« Plaza Canada », 1er camp de base à 5400 mètres © Christophe Chamagne


Pourquoi l'Aconcagua ?

Franck : Ce sommet fait partie d’un challenge que nous nous sommes fixé avec la Team 4dux pour monter les couleurs d’une association qui lutte contre la myopathie, les Amis FSH. 4 sommets : 4 continents, donc après l’Europe et l’Afrique, l’Aconcagua était le 3° à gravir, sur le continent américain.


As-tu entrepris une préparation particulière avant le départ ? Si oui, laquelle ?

Franck : Pas spécialement, car je fais du sport régulièrement : fitness, rando, natation, vtt, avec une bonne hygiène de vie... Par contre, avoir du bon matériel.


Comment s'est passée l’expédition, as-tu rencontré des difficultés particulières ? Et comment l’as-tu vécue ?

Franck : Très bien passée, bonne organisation, bonne préparation au niveau du matériel et des compléments alimentaires à avoir, notamment des électrolytiques… Juste un problème qui m’était récurrent en haute altitude : des apnées du sommeil ! Sur les précédents sommets, je faisais avec, c’est à dire 8 à 10 nuits sans dormir, mais là j’avais anticipé par un contrôle avec Ifremmont* qui m’avait prescrit des ½ comprimés de Diamox. J’ai voulu faire sans ! Sauf qu'au bout de 2 nuits à 4000 j’ai cédé et cela m’a vraiment changé la vie et permis de mieux vivre mes nuits sans suffoquer toutes les 30 secondes…


Sommet de l'Aconcagua © Christophe Chamagne


Qu’est-ce que cette expédition t’a apporté finalement, apprendre à te gérer, de la confiance en toi ? Des enseignements pour la suite ?

Franck : Une fois de plus, que le mental est le plus fort et sans lui impossible d’arriver au sommet ! Comme d’habitude en montagne, écouter les consignes du guide et bien gérer son hydratation. La confiance et la visualisation de l’arrivée au sommet étaient là, donc nous l’avons fait avec un coup de pouce de la météo qui a été relativement clémente.


Quels seraient tes conseils pour celui qui veut entreprendre l’ascension de l'Aconcagua ?

Franck : Bonne préparation mentale et hydratation. En haute montagne, c’est la résistance et l’endurance qui payent et non la performance physique ! Donc step by step, garder la foi et la confiance en soi… Pas de difficulté technique, mais il faut être sur place pour comprendre pourquoi certains abandonnent à quelques centaines de mètres du sommet…
 

Quels sont tes projets pour la suite ?

Franck : Dans le cadre de notre projet Team4dux, un sommet sur le continent Asiatique, un 7500 (style Mustag Atha en ski de rando, me tente bien), avant un + 8000 mètres… C’est le temps et le budget qui risquent de manquer… J’ai bien en tête un + 8000 mètres en 2026 pour mes 60 ans. 😊
 

Ascension de l'Aconcagua 6962 mètres.
21 jours | Départs possibles de novembre à février | Niveau difficile.


 

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