L’altitude est une composante incontournable de nos treks ou de nos ascensions. C’est nous qui choisissons de nous mouvoir et de faire des efforts en altitude, alors que nous savons pertinemment qu’elle n’apprécie guère de ne pas être prise au sérieux ! Que pouvons-nous faire pour que cette expérience ne soit pas une épreuve, ni ne se transforme en catastrophe ? Paulo Grobel, guide de haute montagne à l'expérience immense, souvent hors des sentiers battus, et qui accompagne notamment nos groupes dans l'ascension du Manaslu (8156 m), nous propose son regard sur l'altitude au cours d'un véritable voyage aucours duquel nous traversons ensemble le col du Larkye, puis le Samagaon jusqu'à rejoindre le camp de base du Manaslu...
Une petite histoire sur l'altitude
Alors qu'il guide une expédition pour le Manaslu (8156 m) au printemps 2009, Paulo fait un tour de l'état physique des participants une fois arrivés à Bimtang (3590 m). Il réalise que huit personnes sur dix sont en souffrance : problèmes gastriques, maux de tête, douleurs aux cervicales... 80% des alpinistes du groupe, visant pourtant un 8000 mètres, se trouvaient en mauvais état après seulement une semaine de trek, et pour cause : l'acclimation ne se fait pas depuis le camp de base, comme le veut une croyance répandue, mais bien avant. Elle débute dès le départ de Kathmandu, voir même depuis la France. Et surtout, elle doit être très progressive et structurée.
Ascension du Manaslu © Paulo Grobel
La notion d'équipe avant tout
Lors d'un trek ou d'une ascension, les participants se déplacent en milieu hypoxique (avec un taux d'oxygène trop faible par rapport aux besoins de notre organisme) donc potentiellement dangereux. Notre groupe est une véritable organisation sociale qui doit prendre des décisions et dont les facteurs humains jouent un rôle. La posture du leader et la taille du groupe influencent bien sûr ces interactions, plus le groupe est important et plus elles se compliquent, plus le groupe est petit et moins il y a d'interactions. Pour Paulo, une ascension est avant tout un projet de groupe participatif et co-construit, l'implication de chaque membre est indispensable pour aller au bout de ce projet.
Ascension du Manaslu © Paulo Grobel
Avant le voyage : le briefing
Pour toute grande ascension, une réunion préparatoire avec l'ensemble des participants est essentielle. Elle permet non seulement aux différents membres de se rencontrer, mais surtout d'augmenter leurs connaissances théoriques sur l'hypoxie et l'altitude, d'apprendre les bonnes pratiques et de développer une conscience de la réalité de l'expédition.
Paulo s'inspire de la nivologie pratique pour l’acclimatation et intègre systématiquement des temps de briefings / débriefings durant chaque temps fort du trek :
- Kathmandu
- Premier jour de marche
- Arrivée vers 3000 mètres
- Camp de base
- Première nuit au camp 1
- Portage et progression
- Avant le col ou le sommet
Nous venons de parcourir quelques points importants en amont du voyage, dans la suite de l'entretien, nous continuons notre ascension avec Paulo vers le camp du Manaslu en entrant dans le vif du sujet : l'arrivée à Kathmandu.
En savoir plus :
- L’ascension du Manaslu à 8 156 m avec Paulo Grobel : un 8 000 mythique relativement accessible.