Française vivant dans l'Himalaya depuis plus de 20 ans, Marion Chaygneaud-Dupuy y a étudié le bouddhisme tibétain au département de philosophie de Lhassa et développé ses activités d’alpiniste. Marion a atteint le sommet de l’Everest à trois reprises par le versant tibétain et a gravi de nombreux sommets à plus de 6 000 mètres au Tibet central, dont certains encore vierges, notamment le Milan Peak, Yuzhu Feng, Kyiste, Sigunian Shan, etc. Elle est en pointe mondialement sur le développement durable en très haute altitude et a notamment lancé un grand projet de "nettoyage" de l'Everest par la voie nord en développant un modèle de gestion des déchets inédit pour la haute altitude. À l’occasion de la sortie de son livre "Respire, tu es vivante", Marion a répondu aux questions d'Eric Bonnem sur sa vie en Himalaya et son engagement pour la protection de la nature.
La voie du bouddhisme
Potala palace, Lhassa, Tibet © David Ducoin
Alors qu'elle n'est haute que comme trois pommes, les parents de Marion lui apprennent à reconnaître les herbes médicinales, les champignons ou encore le chant des oiseaux des bois de Dordogne dans lesquels elle vit... Elle développe très tôt un lien fort avec la nature. Marion à beau avoir un côté sauvage comme une panthère des neiges, elle est déterminée et particulièrement téméraire. Entre 16 et 18 ans, elle pratique et étudie le bouddhisme mais l'enseignement en France ne lui convient pas, alors elle part poursuivre son apprentissage dans un monastère à Darjeeling, où elle sera initiée à la compassion et la méditation par des maîtres tibétains. Ses études terminées deux ans plus tard, son maître lui propose d'accompagner dans leurs projets éducatifs les populations nomades du Mont Kailash, au Tibet. Depuis ce premier projet il y a presque dix-huit ans, Marion n'a plus jamais quitté Lhassa.
Une alpiniste eco-responsable
Sur le toit du monde © Marion Chaygneaud-Dupuy
En parallèle de ses projets solidaires, Marion devient guide de trekking en 2003 et créé Global Nomad, une agence de tourisme responsable. Cette activité lui permet de gagner sa vie et conserver une connexion avec la culture européenne, car ils ne sont en tout et pour tout qu'une poignée d'étrangers à vivre à Lhassa. De fil en aiguille, elle se lie d'amitié avec les équipes tibétaines et chinoises qui encadrent les expéditions à l'Everest puis les aide à organiser leur activité de façon plus écologique. Le respect de la nature est fondamental dans la culture tibétaine, or, en haute altitude la gestion des déchêts est particulièrement compliquée et l'Everest - comme les autres sommets himalayens, en fait les frais depuis des décennies. Afin qu'elle puisse constater la situation par elle-même, Marion est ammenée à se rendre sur le toit du monde. Elle réalise sa première ascension à l'Everest en 2013.
Opération "Clean Everest"
Lors de cette première ascension, Marion et son équipe estiment environ dix tonnes d'ordures depuis le camp de base de l'Everest jusqu'au sommet. Bien sûr personne n'est contre l'idée d'un dispositif de nettoyage, mais les équipes tibétaines ne sont pas formées pour une telle opération et les expéditions étrangères considèrent que ce n'est pas de leur responsabilité. Soutenue par le gouvernement tibétain et les équipes locales, Marion va mettre en place l'éco label Clean Everest : une charte des bonnes pratiques en haute altitude, visant à responsabiliser guides et alpinistes. En parallèle des actions de sensibilisation, deux lourdes opérations de nettoyage sont lancées. Grâce à Marion et son équipe composée d'une cinquantaine de guides, la face Nord est débarrasée de 8,5 tonnes de déchêts en trois ans.
Dans la suite de notre entretien, Marion nous parle de ses années à Lhassa, la spiritualité tibétaine, son apprentissage de la haute montagne, les dispositifs mis en place avec les tibétains afin de conserver les montagnes propres ou encore, l'écriture de son livre Respire, tu es vivante.
En savoir plus :
- Le livre de Marion : Respire, tu es vivante, aux éditions Massot
- Ascension de l’Everest par la voie tibétaine avec Bernard Muller. Une ascension sur laquelle Marion Chaygneaud-Dupuy nous aide à réaliser une expédition « propre » avec les meilleures pratiques durables développées pour la haute altitude.