Fort d'avoir atteint six sommets de 8 000 sur les quatorze que compte notre planète et traversé passionnément 40 ans d’histoire de l'alpinisme, Bernard Muller encadre plusieurs de nos stages d’alpinisme de l’École de l’Aventure dans les Alpes ainsi que des ascensions à plus de 7 000 mètres : Mustagh Ata, Pic Lénine, Himlung Himal en octobre prochain et l’ascension de l'Everest, au printemps 2021. Au cours d'un entretien vidéo, il répond à nos questions sur son parcours et les expéditions en haute altitude.
L'appel de la montagne
Tout commence par le visionnage d'un vieux film : Les étoiles de midi, grand classique du cinéma de montagne réalisé par Marcel Ichac. Bernard découvre la haute montagne à travers des images en noir et blanc, ce monde inaccessible le fascine. Il a alors une quinzaine d'années, habite à Strasbourg dont l'alpinisme ne faisait pas vraiment partie de la culture et personne autour de lui ne le pratique. Un an plus tard, il s'inscrit dans une école d'escalade et déchante légèrement : il a l'impression de ne pas être particulièrement doué... Ce qui ne l'empêche pas de partir en expédition sur le glacier de La Meije (3 983 mètres) l'année de ses dix-huit ans. Chaque été, il se fixe pour objectif de repousser ses limites ; d'abord dans les Alpes puis finalement au Pérou. Bernard a le rêve secret de gravir un jour les montagnes himalayennes... Un rêve qui relève pratiquement de l'impossible à l'époque.
Il enchaîne tout de même entre autres nombreuses courses, la face nord du Dru, la face nord des Grandes Jorasses, le Pilier du Frêney, la face nord des Droites en hivernale ainsi que le Pilier d'Angle, etc.
Image du film Les étoiles de midi
Tutoyer les sommets
Au milieu des années 70, il commence à s'attaquer à des expéditions internationales avec des copains du CAF de Grenoble et fin des années 70, avec Pierre Beghin dans l'Himalaya. Il démarre au Pérou avec l'ascension Perupajá. Puis il part au Nanga Parbat sur l'arrêt Mazenot, dont il fait partie d'une équipe de 25 personnes avec des relations au sein du groupe pas évidentes. Tout ne se passe pas comme prévu, l'ascension se solde par un échec. Il est convaincu, comme d'autres, que l'avenir de l'alpinisme est au contraire dans les expéditions les plus légères possible : seulement le matériel indispensable et une dizaine de personnes, tout au plus.
Il fait une tentative avec Pierre Béghin au pilier sud du Dhaulagiri, dont ils sortent mais la dernière partie sommitale n'est pas possible à cause de l'arrivée de la mousson. Puis c'est la réussite de leur premier 8000 par la face sud du Manaslu, Népal, première mondiale en 1981 (8 156 mètres) suite à cela, il enchaine le Nanga Parbat au Pakistan, le Kangchenjunga, Népal (8 505 mètres) en 1985, etc.
Bernard Muller au camp de base du Gasherbrum II, Pakistan en 1986 © Bernard Muller
Premiers pas de guide
Rapidement, il a l'envie de partager son expérience en devenant guide et imagine une première expédition commerciale au Gasherbrum II, Pakistan (8 035 mètres). Une initiative critiquée par la poignée d'alpinistes passionnés qui règnent alors sur les cimes et ne souhaitent pas partager "leur" terrain de jeu avec le grand public. Bernard a beau apprécier l'alpinisme en solitaire, lui, ce qui le fait vibrer par dessus tout, c'est l'aventure humaine. C'est décidé, il prend la responsabilité de guider ceux qui le souhaitent jusqu'au toit du monde.
Dans la suite de l'entretien, nous parlons du rôle du guide au sein d'une expédition, de l'acclimatation pour atteindre un 8 000 mètres, de l'ascension de l'Everest...
Réaliser une ascension guidée par Bernard Muller :
- Ascension de l’Everest par la voie tibétaine (8 848 m), départ le 10 avril 2021 : ascension du toît du monde... Le rêve d'une vie.
- Ascension du Pic Lénine (7 134 m), un premier sommet à plus de 7 000 mètres.
- Ascension de l'Himlung Himal (7 126 m), ascension d’un 7 000 mythique au Népal.
- Ascension à ski du Mustagh Ata (7 546 m), une ascension à ski d'un sommet mythique à plus de 7 500 mètres.